La Seconde République 1848 - 1851

La chute de la Monarchie de Juillet s'est effectuée assez rapidement. Les journées révolutionnaires de 1848 ne durent que quelques jours.

La Monarchie de Juillet s'achève le 24 février 1848, un banquet important a été interdit en février 1848, les républicains souhaitaient élargir la base électorale à ceux que l'on appelait les "capacitaires", en fait ceux qui avaient obtenu des diplômes.

Louis-Philippe s'exil en Grande-Bretagne, après avoir abdiquer en faveur de son petit-fils, le comte de Paris.

I) Le gouvernement provisoire

La France n'a plus du tout d'institutions, il faut créer une assemblée constituante élue, puis une constitution. Le gouvernement provisoire va accorder immédiatement les libertés fondamentales, à savoir, liberté de réunion, liberté de la presse, liberté de conscience (l'atmosphère n'est pas anticléricale). Le gouvernement va également abolir l'esclavage, la peine de mort (en matière politique notamment), et il va octroyer le suffrage universel masculin, on passera à 9 millions de votants, mais ce public n'est pas forcément éduqué politiquement.

Le gouvernement provisoire va essayer de régler la question sociale, il donnera le droit au travail, des ateliers nationaux seront créés, mais ils ne vont pas être très bien organisés. La première chose à faire, c'est élire, l'assemblée constituante, ce sera fait en avril 1848, elle comporte 876 députés. Les socialistes ont relativement peu d'élus, la majorité revient aux républicains modérés, ce qui explique les raisons des difficultés de la période suivante. Mais cette assemblée modérée n'est pas en phase avec la population parisienne.

II) La période de l'Assemblée Constituante (avril 1848 - juin 1849)

A) Les troubles

Ils vont commencer assez vite, en mai 1848, des manifestations se sont produites, organisées, par l'extrème-gauche, en faveur de la Pologne qui essaye de se soulever contre la Russie (à cette époque, la Pologne est divisée entre la Prusse, la Russie et l'Autriche), en fait l'extrème-gauche voulait que le gouvernement soutienne la Pologne. Ces manifestations sont réprimées par l'armée, un certain nombre de chefs socialistes comme Blanqui, Raspail ou Barbés sont arrêtés

La décision de l'assemblée, de dissoudre les ateliers nationaux, est perçue comme une agression contre le peuple de la capitale, cela entraîne un soulèvement en juin 1848 qu'on peut qualifié d'émeutes de la misère. Ce soulèvement est sans doute improvisé mais pas totalement. Des barricades sont élevées dans la ville, des personnalités essayent d'amener les protagonistes à une conciliation, notamment l'archevêque de Paris, monseigneur Affre, mais cela tourne mal, car il est tué par une balle perdue. La répression, menée par l'armée, et notamment par le général Cavaignac, fut sanglante.

On dénombrera plusieurs milliers de morts. la répression sera épouvantable également par les arrestations, environ 11000 personnes seront maintenues en état d'arrestation. Ce général Cavaignac va devenir le chef du gouvernement jusqu'en décembre 1848. Il reçoit les pleins pouvoirs pour quelques jours, il ferme les clubs, supprime les journaux. A partir de l'été 1848, le pays est calme.

B) Une constitution

La constitution adoptée en novembre 1848, est très originale car : c'est une constitution véritablement démocratique, elle reconnaît la souveraineté du peuple, elle reconnaît également toutes les libertés individuelles. Cette constitution va faire en sorte de mettre en place des pouvoirs séparés entre-eux.

L'assemblée ne comporte qu'une seule chambre de 750 députés, élus pour trois ans. Le pouvoir exécutif est confié à un président de la République élu pour quatre ans, il n'est pas immédiatement rééligible, mais il a beaucoup de pouvoirs au niveau politique, il a l'initiative des lois, il dirige la diplomatie, il est le commandant en chef des forces armées, il nomme les ministres et les hauts fonctionnaires.

Les premières élections sont les élections présidentielles, le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte est élu, c'est plus un nom qui est élu, qu'un homme, il bénéficie de la légende napoléonienne qui s'est répandue dans le pays depuis 1840, avec le retour du corps de Napoléon.

L'assemblée constituante va s'autodissoudre. Le président de la République met en place le gouvernement, puis organise les élections législatives en mai 1849.

III) Les nouveaux caractères de la vie politique

A) Une nouvelle géographie électorale

Dès les élections de mai 1849, on constate la bipolarisation de la population : les républicains modérés ont environ 80 députés, les socialiste (ou democrate-sociaux) ont 180 député environ. Le reste des députés sont des conservateurs, pour la plupart monarchiste de l'une ou l'autre tendance, ils acceptent la république faute de mieux. En 1848 apparaît une France rurale "rouge", c'est la France du centre et du centre-est, également, une partie des Alpes, la Provence, la bordure nord du Massif Central, l'Alsace.

La France conservatrice se retrouve plutôt dans les régions du nord et de l'ouest essentiellement.

B) Les clivages idéologiques sont forts

Ils se manifestent à la Chambre où l'on voit s'opposer deux grands "partis", le "parti de la montagne" : gauche ou extréme-gauche, qui s'appuie sur les associations anciennes ou récentes, et le "parti de l'ordre" qui a pour but de défendre la propriété, la famille, la morale et également la religion car il veut utiliser sa force d'encadrement. C'est le "parti de l'ordre" qui a le pouvoir, c'est une politique conservatrice qui est menée.

C) Une politique conservatrice (à partir de juin 1849)

Le 13 juin 1849, de nouvelles émeutes éclatent, et ce, à l'occasion une nouvelle fois, de la politique étrangère, cette fois la répression se traduit surtout par l'exil des chefs socialistes. De nouvelles restrictions des libertés sont instaurées, sur la presse, sur la liberté d'association. En 1850, la loi Falloux redonne une place à l'enseignement confessionnel dans les collèges et les écoles primaires, elle permet à des membres du clergé d'enseigner ou d'être présent dans cet enseignement laïc instauré sous Louis-Philippe par la loi Guizot. En mai 1850, une loi est votée, réduisant le suffrage universel masculin, on élimine du droit de vote, tous ceux qui ne payent pas une taxe personnelle, tous ceux qui ont été condamnés lors des émeutes de juin 1848 et mai 1849, tous ceux qui n'ont pas trois années de résidence dans la même commune, cette dernière mesure touche surtout les ouvriers car ceux-ci migrent beaucoup; le corps électoral retombe à 6,5 millions d'électeurs. Toutes ces lois ont été proposées par les députés, elles ne sont pas soutenues par Louis Napoléon Bonaparte, et à partir de 1849, il est en conflit avec l'assemblée. Durant tous ces voyages, Louis Napoléon Bonaparte fait comprendre au pays et au peuple, qu'il n'est pas d'accord avec ces lois. Ce conflit s'aggrave lorsqu'il demande à l'assemblée de modifier la constitution sur la non réélection du président, et que cette dernière n'obtempère pas. Ce sera le prétexte au coup d'Etat du 2 décembre 1851, coup d'Etat qui va être un succès. C'est une date symbolique que ce 2 décembre, car c'est aussi l'anniversaire d'Austerlitz et du sacre de Napoléon I er. Le coup d'Etat fut rondement mené, il n'a pas généré d'émeutes populaires.

 

Vigier, P. La Seconde République. Paris, PUF, Coll Que sais-je?, 1988.
 

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